Le vecteur de nos sensations
La peau est avant tout l’organe du toucher. Indispensable à notre survie, ce sens nous alerte contre les agressions de notre environnement et nous sert à établir des contacts affectifs avec nos semblables.
C’est grâce aux nombreux récepteurs et corpuscules sensoriels qu’elle contient que
la peau nous permet de ressentir et d’analyser les stimulations extérieures : pression, effleurement, vibration, chaleur, douleur… Ces récepteurs sont de différents types, spécialisés chacun dans une catégorie de sensations. Ils recueillent les informations sensorielles puis les transmettent au cerveau par un réseau de fibres nerveuses. Elles y sont ensuite analysées afin d’y apporter une réponse adaptée.
Une barrière contre les agressions
La peau constitue aussi une barrière protectrice contre de nombreuses agressions de notre environnement :
L’élasticité du derme et le matelas de tissus graisseux de l’hypoderme permettent à notre peau de
protéger l’organisme contre les chocs. Si des frottements répétés s’exercent sur une même zone du corps, la couche cornée (couche la plus externe de l’épiderme) s’épaissit pour amortir la pression.
La pénétration d’agents étrangers
Constituée de cornéocytes soudés par des lipides, la couche cornée est un manteau presque imperméable qui
empêche la pénétration d’agents chimiques nocifs dans l’organisme.
De plus, elle est recouverte en permanence par le film hydrolipidique, composé de sueur, d’eau et de protéines dégradées issues de la cornification. Grâce à son pH acide (situé entre 4,5 à 5,5),
le film hydrolipidique favorise les « bonnes » bactéries qui prospèrent entre les cornéocytes (plus de 1000 par m2) et
empêche les bactéries indésirables, les champignons et les virus de proliférer et de pénétrer dans l’organisme. L’équilibre du film hydrolipidique est donc primordial pour la bonne santé de la peau : s’il est altéré, notre épiderme ne parvient plus à jouer efficacement son rôle de barrière et devient plus sensible aux agressions et aux infections.
Si un corps étranger parvient à franchir le film hydrolipidique,
la peau dispose encore de ressources immunologiques pour l’éliminer. D’abord, dès qu’un agent étranger est détecté à la surface de la peau, les kératinocytes synthétisent des peptides anti-microbiens qui possèdent une large action antibactérienne. Puis interviennent les cellules de Langerhans, véritables sentinelles de l’épiderme qui capturent les éléments indésirables et les transmettent aux lymphocytes T, cellules tueuses qui vont déclencher leur élimination. Le derme contient une ligne de défense supplémentaire : les bactéries ou virus qui auraient échappé à la vigilance des cellules de Langerhans y sont détectés et supprimés par les macrophages.
Notre épiderme contient des mélanocytes, cellules qui produisent
un pigment brun naturel,
la mélanine, et la distribuent aux kératinocytes voisins par l’intermédiaire de dendrites (prolongements cellulaires en forme de bras).
Lorsque la peau est exposée au soleil, les mélanocytes augmentent leur production de mélanine et leurs dendrites s’allongent.
La peau dispose ainsi d’une double photoprotection naturelle : -
La mélanine absorbe les UV pour éviter leur pénétration dans les couches plus profondes et plus vulnérables de la peau.
- Gorgés de mélanine, les kératinocytes grossissent et
la couche cornée s’épaissit.
Cependant, au-delà d’une certaine quantité d’UV, les dommages pour la peau sont inévitables. Ce seuil de tolérance varie selon les individus : les peaux les plus claires sont les moins résistantes.
Un régulateur de la température corporelle
Située le plus souvent entre 28 et 32°, la température extérieure de notre peau peut varier sans dommages entre 20 et 40°. Mais l’intérieur de notre organisme, lui, doit demeurer constamment autour de 37° pour fonctionner correctement.
La peau joue un rôle fondamental dans le maintien de cette température interne constante :
- En cas de chaleur (fièvre ou température extérieure élevée), les vaisseaux sanguins qui irriguent la peau se dilatent : plus de sang se déplace en surface, accentuant la déperdition de chaleur. Parallèlement, les glandes sudoripares sécrètent davantage de sueur afin d’évacuer l’excédent de chaleur.
- Lorsqu’il fait froid au contraire, la sudation diminue et les vaisseaux sanguins se rétractent. L’épiderme devient ainsi le plus isolant possible pour conserver la chaleur interne.